LANGUES, ÉCRITURES, et CIVILISATIONS ANCIENNES

Concernant le linéaire A, le but est triple :
- Montrer qu’il y avait déjà une présence mycénienne / grecque en Crète, dès le Minoen Récent I, et que ces Mycéniens / Grecs utilisaient l’écriture linéaire A pour transcrire leur propre langue.
- Montrer qu’il y avait également une présence hourrite en Crète à l’époque minoenne.
- Vérifier si le linéaire A note aussi une langue sémitique (le cananéen ancien), opinion de Luciano Pavarotti.
Concernant les civilisations anciennes, ce blog ne se limite pas à la minoenne.

Copyright © Oksana Lewyckyj

jeudi 6 août 2009

Théra (Akrotiri)



« Un après-midi, raconte Frédéric Dumas, la Calypso vint mouiller à l'abri du cap Akrotirion, en face des fouilles de Marinatos, que nous fûmes quelques-uns à aller visiter. Sur le terrain en pente, à une centaine de mètres de la mer, un vaste toit de tôle ondulée soutenu par des piliers métalliques abritait un quartier de ville d'époque minoenne dégagé de la cendre, en assez bon état. Ruelles, placettes, maisonnettes aux angles de pierre taillée, ayant un étage, quelques-unes deux, tout était recouvert d'une poussière qui fardait et donnait le même aspect à tous les matériaux. Nous montâmes visiter le petit village qui domine les fouilles. Et là, nous fûmes tout étonnés de retrouver les mêmes maisonnettes qu'en bas, les mêmes ruelles, les mêmes placettes. Le village des paysans actuels reproduisait la ville d'il y a trois mille cinq cents ans dans ses moindres détails et à la même échelle. Et, à la réflexion, c'était tout naturel ».

Les murs sont maçonnés avec un soin tout particulier; l'architecture évoque sans aucun doute possible le minoen tardif de Crète, notamment par l'emploi de la pierre à chaux et des colonnes de bois. Des pièces d'olivier, dans les « points stratégiques » des parois intérieures et extérieures des maisons, témoignent du fait qu'à Théra comme en Crète, les bâtisseurs avaient assimilé les techniques de construction antisismiques. Akrotiri, comme bien d'autres cités crétoises ou égéennes, a dû subir plusieurs fois les colères de Poséidon « l'ébranleur de terre ».

Les maisons, parfois hautes de trois étages, étaient crépies de terre, ornées de stuc et dallées de pierres. Les rues, tortueuses, étaient pavées. On a retrouvé des restes d'escaliers. Toutes les salles étaient encombrées d'objets manufacturés. On reconnut assez facilement les pièces d'habitation, les bains, les sanctuaires domestiques, les entrepôts familiaux, voire les lieux de travail (on mit notamment au jour les restes d'un métier à tisser, et d'innombrables outils de bronze). Cependant, on n'exhuma pratiquement aucun bijou, aucune parure précieuse. Et, tandis qu'à Pompéi on découvrit environ deux mille squelettes humains dans les cendres, on n'en retrouva aucun à Akrotiri. Ces deux dernières remarques prouvent à l'évidence que les habitants de Théra, effrayés par l'ampleur de l'éruption du volcan, quittèrent leur île avant l'explosion paroxysmique qui anéantit l'ensemble de la civilisation minoenne.

Il est impossible de mentionner tous les ustensiles d'usage domestique qui furent récupérés, étiquetés, et classés par les archéologues. Les plus curieux furent peut-être des passoires décorées de jolies spirales; des cuvettes ornées d'hirondelles; des brocs également agrémentés d'hirondelles en vol (corps noir, gorge rouge-brun, derrière blanc, queue très longue : ce sont des hirondelles de cheminées); des tubs de bain enjolivés de dauphins occupés à jouer dans les vagues; des brocs ronds à très long bec; des pots décorés de branches de myrte, de feuilles de lierre, de branches de câpriers, de roseaux, etc.

Au total, des milliers de vases, d'amphores et d'objets divers furent extraits des cendres et des ponces, nettoyés, classés, photographiés, dessinés, et envoyés dans les musées grecs, notamment au musée d'Athènes. Les pièces qui portaient des inscriptions furent nombreuses : il s'agissait, dans tous les cas, de l'écriture « linéaire A » - ce qui confirme, s'il en était encore besoin, la date probable de la catastrophe de Santorin : autour de 1500 avant Jésus-Christ.

D'après ce qu'on peut en savoir trente-cinq siècles plus tard, l'évacuation semble avoir eu lieu en deux temps : les habitants de Santorin auraient quitté leur île après un tremblement de terre très puissant; ils y seraient revenus quelque temps; et ils auraient dû abandonner définitivement leur patrie à cause de la puissance terrifiante de l'éruption volcanique qui la menaçait. L'évacuation ultime intervint probablement au printemps - en tout cas avant la récolte, car la plupart des jarres à provisions découvertes par les archéologues sont presque vides.

Quoi qu'il en soit, ils partirent précipitamment, car ils laissèrent derrière eux un beau fouillis... Ils n'oublièrent aucun objet de valeur, mais on trouve pêle-mêle, dans de nombreuses pièces, ce qu'ils ne purent probablement pas charger dans les bateaux : mortiers, meules à grains, lampes, poids de plomb gradués, vases de pierre et d'argile, cuillères, hameçons, flacons à parfums, poteries de toutes sortes... Des rangées entières d'amphores émergent de la cendre. Des vases de terre ou de pierre s'entassent par endroits. Ici, des coupes de libations côtoient des pots décorés d'épis d'orge; là, une table circulaire, probablement destinée au culte, laisse voir des coupelles en creux où les officiants déposaient leurs offrandes; dans une autre pièce, ce sont des outils de bronze, ou bien des poteries superbes ornées de motifs en spirales, ou bien des vases enrichis de motifs « naturalistes » (hirondelles, hérons, poissons, dauphins, lis blanc, fleurs stylisées, fougères, brins de sauge, feuilles de lierre, branches de palmiers, panaches de roseaux, fleurs de crocus, rameaux de vesces...).

De toutes les splendeurs que les archéologues ont tirées ou tirent encore de dessous les cendres de Santorin, les plus étonnantes restent les peintures murales.

COUSTEAU, J.-Y., et PACCALET, Y., A la recherche de l'Atlantide, Flammarion, 1981, p. 248-250. L'image provient de la p. 242.

Je me demande, quant à moi, où sont passées les "nombreuses inscriptions en linéaire A". Seules quatre d'entre-elles figurent dans GORILA (vol. 4), la THE Zb 1, la THE Zb 2, la THE Zb 3 et la THE Zb 4.

P-S : J’avais déjà publié cet article dans mon ancien blog à la date du mardi 6 janvier 2009 à 13:48 (CET).

Tous droits réservés. Reproduction interdite.

Oksana Lewyckyj
2/503 Voie des Gaumais
1348 Louvain-la-Neuve
Belgique