LANGUES, ÉCRITURES, et CIVILISATIONS ANCIENNES

Concernant le linéaire A, le but est triple :
- Montrer qu’il y avait déjà une présence mycénienne / grecque en Crète, dès le Minoen Récent I, et que ces Mycéniens / Grecs utilisaient l’écriture linéaire A pour transcrire leur propre langue.
- Montrer qu’il y avait également une présence hourrite en Crète à l’époque minoenne.
- Vérifier si le linéaire A note aussi une langue sémitique (le cananéen ancien), opinion de Luciano Pavarotti.
Concernant les civilisations anciennes, ce blog ne se limite pas à la minoenne.

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dimanche 9 mars 2014

Photographies, fac-similés, et écritures crétoises















Concernant les documents écrits, quel que soit le support utilisé, la photographie est sensée être une reproduction objective de l’original.
Le fac-similé est réalisé d’après la photographie et des dessins à main levée mais en ayant vérifié leur exactitude sur l’original. C’est son autopsie, écrivent Louis Godart et Jean-Pierre Olivier dans leurs Inscriptions en linéaire A. Introduction, GORILA 1, p. XXXVI.
Ils avertissent, cependant, que des erreurs peuvent, toutefois, s’y glisser.

Dans son article intitulé Interpreting the Linear B records : some guidelines, Yves Duhoux écrit que non seulement un fac-similé peut être trompeur parce qu’il ne propose que ce que les éditeurs pensent avoir vu sur un document, mais qu’une photographie peut être trompeuse, elle aussi, quand, à cause de l’éclairage ou de la profondeur de champ, elle dissimule des données. Il cite, en exemple, le fameux disque de Phaestos dont les deux faces, photographiées et reproduites par fac-similés par Evans, avaient conduit plusieurs chercheurs, dont Evans lui-même, à une conclusion fascinante :

Comme les photographies d’Evans et ses fac-similés montraient quatre points dessinés sur une ligne verticale de la face A du disque (voir images n°1et 3) et cinq points dessinés sur une ligne verticale de la face B du disque (voir images n°1 et 4), le disque de Phaestos ne pouvait qu’appartenir à une série de documents inscrits totalisant au moins cinq faces de disque. Il s’ensuivait que seules les faces quatre et cinq nous avaient été préservées, et que la face qui avait été appelée A précédait nécessairement la face appelée B.

En réalité, sur la face A, il y avait cinq points et non quatre (voir images n°2 et 5). Le fac-similé d’Evans avait été exécuté à partir d’une photo ayant un défaut et on avait omis de faire une vérification par rapport au modèle original. En image n°6, un exemple de livre qui a contribué à diffuser l'erreur.

Dans le domaine du linéaire A, les choses ne sont pas tristes non plus. Un imprimeur ayant fait de la chasse aux saletés avait ainsi confondu celles-ci avec les marques de ponctuation présentes principalement dans les copies tabulaires (= les interprétations en règle des auteurs) du GORILA 1 et en avait supprimé une cinquantaine (voir image n°7).

Les images n°1 et 2 proviennent de DUHOUX, Y., Interpreting the Linear B records : some guidelines, in DUHOUX, Y., and MORPURGO DAVIES, A. (ed.), A Companion to Linear B. Mycenaean Greek Texts and their World, vol. 2, in BCILL 127, Louvain-la-Neuve / Walpole, MA, Peeters, 2011, p. 5 (image n°1) et p. 6 (image n°2).

Les images n°3 et 4 ont été prises sur le site de l’Université de Heidelberg :
https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/evans1909/0329 (image n°3), et
https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/evans1909/0330 (image n°4).

L’image n°5 est un morceau que j'ai découpé de la face A du disque de Phaestos qu'on trouve chez THEVENET, A., Les palais de Crète, Paris, 1983, p. 64.

L’image n°6 est un assemblage des pages 173 et 174 de GELB, I. J., Pour une théorie de l’écriture, trad. de l’américain A Study of Writing, Flammarion (Idées et recherches, Collection dirigée par Yves Bonnefoy), 1973.

L’image n°7 est extraite de GORILA 5.

Les ajouts en rouge sont des additions de ma part.


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Oksana Lewyckyj
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