La période néolithique
La période Néolithique s'étend de 6000 à 2600 avant J.-C. La première installation fut, semble-t-il, soudaine et sommaire : un simple campement. Mais la vie s'organisa bientôt d'une façon moins primitive : on fabriqua une céramique d'assez bonne qualité, convenablement polie, avec souvent un décor pointillé ou de petits boutons en relief. Peu à peu on abandonna la coutume d'enterrer les enfants sous le sol des habitations et les maisons cessèrent d'être des cabanes. Au cours des premières phases de la civilisation du néolithique, seul Cnossos est habité. A partir du Néolithique ancien II, la forme des vases se perfectionne, et le décor est fait de motifs linéaires géométriques. Au Néolithique Récent, enfin, d'autres effets furent cherchés en oxydant inégalement la surface de cuisson, et dans la dernière période la préférence allait aux jeux de taches ainsi qu'à des applications de couleur fragile (rouge, ocre, blanc) comme on le voit à Phaestos. Des figurines primitives d'argile (en général féminines), obèses, stéatopyges, et quelques idoles en pierre plutôt schématiques, attestent probablement dès le néolithique un culte de la maternité et de la fécondité. C'est à la fin de l'époque du néolithique récent et durant la période subnéolithique que l'on trouve pour la première fois aussi des traces d'activité humaine à Archanès. (Vathypétro, dans la région d'Archanès nous a livré une hache néolithique).
La période prépalatiale (Minoen Ancien I au Minoen Moyen I a)
Vers la moitié du 3ème millénaire, cette civilisation connaît un vif essor avec l'introduction du métal, coincidant avec l'intrusion en nombre restreint d'un élément ethnique nouveau [p. 134] appartenant à cette race méditerranéenne qui se répandit de bonne heure dans tout le bassin de la Méditerranée orientale, et plus tard dans la Méditerranée occidentale. L'origine du hameau qui s'établit en Crète n'a pas été résolu de façon décisive, cependant ses rapports avec la zone protolibyenne et la zone anatolienne sont assez nets pour que l'on puisse concevoir une migration venue de deux côtés à la fois, et comme résultat un type mixte présentant des caractères anthropologiques à la fois protolibyens et arménoïdes. C'est aussi le début d'échanges commerciaux avec l'Egypte, l'Orient et les îles égéennes (sceau-cylindre syrien, usage de l'ivoire, scarabées égyptiens).On trouve les premiers cachets babyloniens en Crète aux alentours de 2400 av. J.-C.
La période des Premiers Palais (le Minoen Moyen Ib à IIb)
Il est difficile d'établir les causes qui ont conduit à la centralisation du pouvoir aux mains des rois et, par conséquence, à la fondation des Premiers Palais. Toujours est-il que déjà, à l'aube du second millénaire avant J.-C., ils sont bâtis en Crète. Les centres palatiaux sont conformes au modèle qui sera conservé plus tard dans les nouveaux palais (basé sur les mêmes principes architecturaux), signe qu'ils sont contrôlés par une puissante hiérarchie. Autour d'une vaste cour quadrangulaire, s'organise un ensemble complexe de bâtiments à étages, articulés entre-eux de façon pittoresque. Des séries de magasins et d'ateliers sont installés dans les pièces du rez-de-chaussée. D'autres salles plus spacieuses et mieux éclairées servaient comme appartements d'habitation, sanctuaires, etc. En ce qui concerne Cnossos, il a été établi qu'un système d'adduction d'eau y fonctionnait dès ce temps, au moyen de tuyaux d'argile transportant une eau puisée à 15 km du palais. C'est l'époque de la céramique dite de Camarès. L''image de la vie sociale, politique, économique, religieuse et privée des hommes de ce temps demeure fragmentaire. Le développement de l'écriture permit l'établissement des premiers systèmes bureaucratiques, comme l'a prouvé la découverte dans les trois palais (Cnossos, Malia, et Phaestos), d'un petit nombre de tablettes d'argile écrites en "hiéroglyphes" ou en linéaire A. L'économie s'appuyait non seulement sur la production du sol et sur l'industrie suscitée par les besoins locaux, mais sur le grand commerce qui, avec le développement de la navigation, assurait aux produits une circulation plus large. Les relations avec l'Egypte, l'Anatolie et surtout le monde égéen s'intensifièrent, mais il n'y eut pas à proprement parler d'expansion coloniale. La religion continua d'évoluer toujours dans le sens de l'adoration de la nature divinisée (sanctuaires de hauts lieux, grottes sacrées, quelques chapelles installées dans les palais ou les maisons particulières, innombrables offrandes d'argile). La destruction définitive des Premiers Palais fut totale et générale. Elle survint, d'après les recoupements procurés par l'Egypte et la Mésopotamie, vers 1700 av. J.-C. (tremblements de terre).
La période des Nouveaux Palais (Minoen Moyen IIIa,b et le Minoen Récent I-II)
La reconstruction fut à la fois radicale et l'occasion de progrès importants dans les arts, les techniques, l'organisation de la vie, et les relations avec le monde extérieur. L'architecture des palais prit un caractère monumental beaucoup plus marqué, avec des cours plus vastes au centre et à l'ouest, des façades et des entrées plus majestueuses, des salles plus grandes, etc. Les chambres désormais se comptaient par centaines, et leur labyrinthe devenait encore plus compliqué. On utilisa pour cela des matériaux de toute sorte, travaillés avec un soin extrême, les uns locaux, les autres importés : gypse, tuf, puits de lumière, cours, parois intérieures souvent décorées de peinture, de revêtement de marbre, sols couverts de dalles de gypse, de schiste ou de calcaire jointoyées au mortier. La civilisation atteignit, pour la seconde fois, à un épanouissement au cours duquel, dans tous les secteurs, on put enregistrer de parfaites réussites. Le caractère de la civilisation minoenne était désormais définitivement fixé. Il découlait des liens étroits unissant l'homme à la nature environnante. La sensibilité en était l'un des traits dominants. L'art était régi par une esthétique de la sensation et de la grâce. La vie toute entière était animée par une foi ardente envers la déesse Nature. Sur elle étaient fondés la coexistence pacifique, l'horreur de la tyrannie, le respect et l'harmonie des lois. Dans tous les domaines se laisse deviner le rôle important joué par l'élément féminin. Période de reconstruction générale et d'organisation définitive de tout le système de l'Etat, telle est la période des Nouveaux Palais. Une marine puissante assure la prépondérance maritime en mer Egée, des relations pacifiques entre les rois - non seulement en Crète où règne la Pax Minoïca, mais aussi à l'extérieur - contribuent au miracle minoen. Les relations commerciales pacifiques des puissants rois d'Egypte et d'Orient sont un fait attesté. En même temps que les palais, des bourgades et des villas qui témoignent d'un perfectionnement du système administratif, sont bâties. Des routes sont tracées, des installations portuaires édifiées, les ouvrages d'irrigation et les canalisations sont perfectionnés.
Le développement des centres néopalatiaux fut interrompu à deux reprises par d'importantes catastrophes : la première vers 1600 et la seconde vers 1450 av. J.-C. La chronologie des périodes intermédiaires a été déterminée avec certitude grâce aux recoupements avec l'Egypte et l'Orient : le couvercle d'albâtre portant le cartouche du pharaon Khiyan, les vases égyptiens en albâtre découverts dans la tombe royale d'Isopata et dans l'une des tombes taillées du port de Cnossos datées de Thoutmès III, les scarabées égyptiens et les cylindres syro-hittites, les représentations de Keftiou dans les tombes de notables égyptiens de la 18e dynastie : tout cela a permis de situer chronologiquement la civilisation des nouveaux palais entre 1700 et 1380 av. J.-C. L'apogée se place après la première catastrophe sismique et avant la destruction de la plupart des centres palatiaux provoquée par l'éruption du volcan de Théra vers 1450. La dernière phase ne concerne à peu près que Cnossos, où l'on voit apparaître en céramique le style dit "du palais", fortement marqué par le nouvel esprit mycénien. Les tablettes en linéaire B, constituant les archives du palais de Cnossos pour la dernière phase néopalatiale, ont apporté la preuve que les Achéens étaient déjà, à ce moment les maîtres de Cnossos.
Bibliographie :
PLATON N., Crète, traduit du manuscrit original grec par P. Charamis et J. Marcadé, Genève, Nagel, 1966, p. 133-164.
SAKELLARAKIS, J.A. et SAPOUNA-SAKELLARAKI, E. (Dr), Archanès. Les fouilles d'Archanès, Athènes, 1991, p. 9-12.
LEWYCKYJ, O., Le linéaire A est-il une langue sémitique?, Travail de recherche réalisé par Oksana Lewyckyj, pour le cours : Histoire des écritures orientales, Professeur Yves Duhoux, LLN, 2006-2007, p. 3 (p. 1 dans l'ancienne version).
L'image, le "détail de la procession de Phaestos", elle provient du livre de COUSTEAU, J.-Y., et PACCALET, J., A la recherche de l'Atlantide, Flammarion, 1981, p. 205).
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