LANGUES, ÉCRITURES, et CIVILISATIONS ANCIENNES

Concernant le linéaire A, le but est triple :
- Montrer qu’il y avait déjà une présence mycénienne / grecque en Crète, dès le Minoen Récent I, et que ces Mycéniens / Grecs utilisaient l’écriture linéaire A pour transcrire leur propre langue.
- Montrer qu’il y avait également une présence hourrite en Crète à l’époque minoenne.
- Vérifier si le linéaire A note aussi une langue sémitique (le cananéen ancien), opinion de Luciano Pavarotti.
Concernant les civilisations anciennes, ce blog ne se limite pas à la minoenne.

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dimanche 26 juillet 2009

A quoi servaient les figurines? Une réponse mésopotamienne !



Nicolas Platon, dans son livre intitulé Crète, p. 134, écrit au sujet de la Crète avant les Palais (avant 2000 av. J.-C.) :

"Des figurines primitives d'argile, en général féminines, avec des formes obèses, stéatopyges, et quelques idoles en pierre plutôt schématiques, attestent probablement dès le néolithique un culte de la maternité et de la fécondité."

Concernant la Crète des Premiers Palais (2000 - 1700 av. J.-C.), il note, p. 157 :

"La plastique en argile ne dépassa pas le stade du simple modelage d'innombrables séries d'ex-voto destinés au sanctuaires. Pourtant beaucoup de ces objets ne manquent ni de verve ni de grâce : telles ces figurines d'adorants aux ceintures caractéristiques, ces orantes aux robes coquettes, aux corsages ouverts, aux grands cols montants et aux coiffures originales, ces animaux aux attitudes typiques,..."

Concernant la Crète des Nouveaux Palais (1600 - 1450 av. J.-C.), on trouve, p. 167 :

"La production répondait en général aux besoins de la religion : figurines de divinités, ex-voto représentant des adorants ou des animaux offerts en sacrifice,..."

Pour la Crète après la ruine des Palais (après 1450 av. J.-C.), il est mis, p. 204 :

"Dans la plastique en terre cuite, la schématisation atteignit à son comble; les figurines dégénérèrent en "grotesque" mais on vit se créer aussi des types intéressants d'idoles assez grandes, la partie inférieure du corps cylindrique, les bras levés à angle droit,..."

Toutes ces figurines, à quoi pouvaient-elles servir? Elles étaient destinées à un usage religieux, on s'en doute un peu, mais de quel type?

Les Hymnes et prières aux dieux de Babylonie et d'Assyrie, publiés aux éditions du Cerf, nous apportent un curieux éclairage quant à l'utilisation faite de ces différentes figurines dans cette Mésopotamie qui entretenait des relations avec la Crète depuis la période Pré-Palatiale. Dans les Prières conjuratoires à main levée (dont le genre littéraire a probablement commencé à se développer vers le milieu du deuxième millénaire av. J.-C.), on apprend qu'un rituel appelé bît mêseri avait pour objet d'expulser les démons de la maison d'un malade et de les empêcher d'y revenir. A cette fin, des figurines prophylactiques étaient installées tout autour de la maison ou dessinées aux murs, d'où le nom du rituel "maison enclose" par les figurines en question (p. 269). La fabrication de figurines représentait la cause du mal à éliminer et elles devaient être brûlées, enterrées, ou jetées à la rivière (p. 28). Ces figurines étaient soit en argile, soit en pâte, soit en suif, soit en cire (p. 395), soit en bitume (p. 396), en cèdre ou en tamaris (p. 397). On en trouve également en bronze (p. 384).

Exemple : contre le mal présagé par un chat sauvage, confection d'une figurine de chat en argile. L'orant doit réciter la prière en levant la figurine qu'il jettera dans la rivière après avoir été purifié par le conjurateur au moyen du brûle-parfums et de l'eau lustrale (p. 360).

Ces conjurations étaient également pratiquées contre les malédictions. On trouve à la p. 405 : "Que Marduk dis[solve] les remplaçants qui ont été façonnés de moi", et aux p. 411-412 : "Pour le mal (qu'a entraîné) le serment que N. m'a prêté,... voici la figurine qui représente N.,... que [ses] actes aillent sur lui et sur sa personne;".

PLATON, N., Crète, traduit du manuscrit original grec par P. Charamis et J. Marcadé, in Archaelogia Mundi, Genève, Nagel(éd.), 1966.

SEUX, M.-J., (Introd., trad., et notes) Hymnes et prières aux dieux de Babylonie et d'Assyrie, ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique, dans Littératures anciennes du Proche-Orient, Paris, Cerf, 1976. Le texte mis en image provient des p. 390-391.

P-S : J’avais déjà publié cet article dans mon ancien blog à la date du samedi 2 février 2008 à 22:22 (CET).

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Oksana Lewyckyj
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